GIEC

Lorsque l’on parle du changement climatique, on mentionne souvent le GIEC et ses fameux rapports. Mais qu’est-ce que le GIEC ? Que sont ces rapports ? Comment sont-ils organisés ? Que contiennent-ils ? Comment sont-ils produits et par qui ?

Un problème initial : La densité de la littérature scientifique portant sur le climat

Analyse de la littérature scientifique disponible

La compréhension du changement climatique repose sur de nombreux articles scientifiques, mais les lire n’est pas facile. Pour le commun des mortels, cette littérature scientifique peut être complexe à appréhender (textes techniques, en anglais, articles de 50 pages ou plus, une bibliographie, des marqueurs statistiques à décoder, …). D’autre part, il n’est pas rare de rencontrer des articles qui peuvent sembler contradictoires, ajoutant ainsi de la difficulté à la compréhension.

Il existe également une seconde barrière. L’importante quantité d’articles scientifiques disponibles sur le changement climatique. Parcourir cette documentation prendrait des années. Aussi faut-il savoir accéder aux bons résumés et aux bonnes synthèses ! Il paraît donc peu probable qu’une personne puisse assimiler toutes les connaissances produites sur un sujet aussi vaste et complexe que celui de la dérive climatique.

 

Évolution de la littérature scientifique
Source : « A topography of climate change research », M. Callaghan, J. Minx & P. Forster, Lien

 

La figure ci-dessus est issu d’un article paru en 2020. Cet article montre une augmentation rapide des publications portant sur le changement climatique. Ces publications sont passées de quelques centaines de papiers par an dans les années 80 à plus de 50.000 aujourd’hui. En 1990, moins de 1.000 articles étaient disponibles sur la question climatique. Ce nombre monte à environ 450.000 articles en 2020.

Les limites d’une telle abondance de littérature

Une recherche abondante et diversifiée est quelque chose de positif. Comme le montre le graphique ci-dessus, les éléments scientifiques sont très (ou trop…) nombreux. Tout le monde ne peut pas tout lire sur le changement climatique. Cela crée une difficulté supplémentaire en raison des répercussions importantes sur la société en particulier des impacts de la désinformation (voir Ultracrépidarianisme). En résumé, il est difficile pour un citoyen de se construire une vision précise sur la base des papiers scientifiques disponibles sur le changement climatique. Si la méconnaissance de l’astrophysique ou de la théorie quantique à boucle sur le grand public aura peu d’effets sur la société, l’ignorance du changement climatique peut avoir des conséquences graves.

Le changement climatique est un sujet pour lequel la compréhension des éléments scientifiques disponibles est d’une importance primordiale pour éclairer des choix sociétaux à tous les niveaux. Mais, il est évidemment impossible aux politiques et aux citoyens (même les plus engagés…) d’intégrer la très abondante littérature scientifique sur le sujet. Il faut donc un « intermédiaire » entre la production scientifique et la société civile pour faciliter l’accès aux connaissances disponibles sur le climat. C’est donc à ce niveau que nous retrouvons le mandat que l’ONU a donné au GIEC.

 

Création et mission du GIEC

D’où vient le GIEC ?

Le GIEC est un acronyme pour Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (IPCC en anglais pour Intergovernmental Panel on Climate Change). C’est un organisme intergouvernemental créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (WMO) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP).

 

 

À titre d’illustration, c’est grâce à l’UNEP que le trou dans la couche d’ozone a été l’un des premiers problèmes environnementaux à recevoir une réponse internationale. Chose assez rare pour être soulignée : cette réponse a été à la hauteur de l’enjeu. De son côté, le WMO a joué un rôle déterminant dans la coopération scientifique mondiale en globalisant les campagnes d’observation de l’atmosphère. Ce sont les données météorologiques recueillies partout dans le monde qui ont permis de faire progresser la compréhension des climats de la planète et de leurs évolutions.

Rôle du GIEC

Au moment de la création du GIEC en 1988, il y a encore beaucoup d’incertitudes sur la question du changement climatique. Le rôle du GIEC est ainsi défini :

« Le GIEC a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Les rapports du GIEC doivent rendre compte des différentes orientations de façon impartiale, tout en traitant avec objectivité les facteurs scientifiques, techniques et socio-économiques sur lesquels reposent ces orientations. » Source : « Principes régissant les travaux du GIEC », Lien

Le rôle du GIEC est donc d’évaluer l’ensemble des éléments scientifiques disponibles concernant le changement climatique. Ces articles sont synthétisés dans des rapports d’évaluation. À ce jour (en 2023), 6 rapports d’évaluation ont été publiés ; respectivement en 1990, 1995, 2001, 2007, 2014 et 2022. Ces rapports sont établis lors dans un cycle d’évaluation allant de 5 à 8 ans. Durant ces cycles, le GIEC produit également des rapports spéciaux et des rapports méthodologiques, dont les éléments et conclusions peuvent servir à l’élaboration du rapport d’évaluation.

Durant la rédaction du sixième cycle (AR6, 2022), trois rapports spéciaux et un rapport méthodologique ont été publiés. Le premier de ces rapports spéciaux avait pour thème l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique. Le second évoquait le changement climatique et les terres émergées. Enfin le dernier de ces rapports spéciaux avait pour thème le réchauffement planétaire de 1,5°C. Ce dernier rapport spécial étant commandé par les états à l’occasion des accords de Paris (COP21, 2015).

 

Les 3 rapports spéciaux du sixième cycle d’évaluation (AR6)

 

Le sixième rapport d’évaluation du GIEC a été publié progressivement. Le travail du premier groupe a été publié en août 2021, celui du second groupe en février 2022, et celui du troisième groupe en mars 2022. Le rapport de synthèse a quant à lui été publié en octobre 2022.

 

Les groupes de travail du GIEC

Les 3 groupes de travail

Le premier groupe de travail (Work Group I) s’occupe des aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat. C’est vers son travail qu’il faut se tourner si nous nous posons des questions comme : Est-ce que la planète se réchauffe ? Est-ce que l’homme est responsable de ce réchauffement ? Comment est-ce que le climat a évolué dans le passé ? Quelles sont les conséquences physiques du changement climatique aujourd’hui ? Quelle va être l’évolution du climat à court et long terme ?

Le second groupe (WG II) travaille sur la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux changements climatiques, les conséquences négatives et positives de ces changements et les possibilités de s’y adapter. C’est vers son travail qu’il faut se tourner si nous nous questionnons comme : Comment les conséquences du changement climatique affectent les sociétés humaines ? Comment ces conséquences affectent les écosystèmes et quelles sont les espèces les plus vulnérables ? Quelles sont les activités économiques, les régions où les populations les plus vulnérables ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour limiter les impacts du changement climatique ?

Enfin le troisième groupe de travail (WG III) évalue les solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou atténuer de toute autre manière les changements climatiques. C’est vers son travail qu’il faut se tourner si nous nous posons des questions comme : Quelles sont les solutions pour réduire les émissions des transports ou de l’industrie ? Peut-on envisager de retirer du CO2 de l’atmosphère ? Est-ce qu’une taxe carbone est un bon moyen de réduire les émissions de CO2 ?

Un 4ème document : Le rapport de synthèse

Ce travail est complété par un rapport de synthèse qui regroupe les principaux enseignements des trois groupes de travail. Comme l’a précisé le climatologue italien Filippo Giorgi, ce travail de synthèse doit nous permettre de « gérer l’inévitable et éviter l’ingérable ».

 

 

Ainsi le travail de synthèse du GIEC doit nous permettre lutter contre les causes racines du changement climatique afin de conserver une situation gérable. Nous devons donc nous adapter parce que certaines conséquences sont inévitables ou déjà là. En résumé, nous les rapports d’évaluation du GIEC nous disent successivement ce qu’on sait du changement climatique, quels en seront les impacts et comment les réduire, et ce que l’on peut faire pour limiter l’ampleur du changement climatique.

 

La structure du GIEC

Organigramme (non nominatif…) du GIEC

Le GIEC est un organisme intergouvernemental constitué de 195 pays membres. Donc le nom du GIEC en français : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat est un peu trompeur. La traduction littérale du nom anglais donnerait plutôt : Groupe Intergouvernemental sur le Changement Climatique. Ce qui est plus approprié.

Ce sont bien des experts scientifiques qui produisent les rapports du GIEC mais par définition, ils n’en sont pas membre. Les membres du GIEC – donc des pays – élisent un bureau constitué de scientifiques représentant les différentes disciplines scientifiques, ainsi que différentes régions du monde. Chaque pays membre dispose d’une voix pour cette élection. Le bureau est élu pour un cycle complet.

En termes d’organisation, le bureau du GIEC est composé d’un président, de trois vice-présidents et d’un bureau pour chacun des trois groupes de travail. Le bureau au complet représente une trentaine de personnes environ. La structure du GIEC est complétée par un comité exécutif composé d’une partie des membres du bureau, d’un secrétariat et de groupes de supports qui vont venir assister les différents groupes de travail dans leur production. Il y a également un quatrième groupe de travail qui développe et améliore un guide méthodologique pour le suivi des émissions de gaz à effet de serre. Cette référence commune est importante pour que tous les états comptent les émissions de la même manière.

 

Structure du GIEC en 4 groupes de travail

 

Décision de la rédaction d’un rapport de synthèse

Pour que le GIEC produise un rapport, il faut qu’une réunion plénière composée de tous les États membres décident de préparer un rapport. Le sommaire de ce rapport est également approuvé en session plénière par les représentants des États, sur la base d’un projet préparé par les scientifiques. En somme, les états commandent un rapport sur l’état des connaissances scientifiques sur le climat et s’accordent avec les scientifiques sur les grandes questions que ce rapport devra adresser. Une fois que l’on connaît les questions auxquelles le rapport va devoir répondre, il faut trouver des auteurs pour l’écrire.

 

Processus de rédaction d'un rapport du GIEC
Source : Citoyens Pour Le Climat, « Poster GIEC », Lien

 

Les auteurs du rapport du GIEC

Les auteurs sont sélectionnés par les bureaux des différents groupes de travail à partir des propositions de gouvernements et d’institutions. Pour le cinquième rapport du GIEC, il y a eu 831 auteurs sélectionnés à partir de 3.598 nominations.

Les auteurs doivent être des experts du domaine scientifique traité. Cependant la sélection prend en compte d’autres critères que la seule expertise. Une problématique est notamment que la recherche scientifique n’est pas uniformément répartie dans le monde. Elle est bien plus active dans les pays développés. Une diversité de culture et de pays d’origine est jugée importante lors de la rédaction d’un rapport du GIEC. En effet, les conséquences, les responsabilités, les mesures d’adaptation et d’atténuation ne sont pas appréhendés de la même manière dans tous les pays. Le GIEC essaye donc de diversifier les nationalités parmi les auteurs pour ne pas former un groupe uniforme provenant majoritairement de pays développés. Dans sa sélection, les bureaux des différents groupes essaient également de trouver une parité homme-femme. De plus, une part importante des auteurs (généralement plus de la moitié) ne doit pas avoir travaillé sur un autre rapport du GIEC.

Pour chaque chapitre, il y a une quinzaine d’auteurs, et généralement 2 responsables qui ont la charge de coordonner le travail. Il y a aussi 2 ou 3 éditeurs (voir la vidéo ci-dessous) qui s’assurent de la qualité du travail et veillent à la prise en compte des commentaires.

Côté français, l’auteur le plus connu et médiatique est (l’excellente…) Valérie Masson-Delmotte. Elle a été élue en 2015 co-présidente du groupe de travail I. À ce titre, elle a participé à la relecture globale du rapport ainsi qu’à la co-rédaction de plusieurs chapitres.

 

Quelle est la rémunération des auteurs du rapport ?

Le budget du GIEC

Les auteurs ne sont pas payés par le GIEC. L’argent que reçoit le GIEC de la part de différents pays constitue une petite somme : environ 6 millions d’euros par an et ne sert qu’à faire fonctionner la structure administrative du GIEC, la publication des rapports, leur médiatisation…

Les auteurs des rapports du GIEC sont majoritairement des scientifiques et sont donc payés par leur structure de recherche pour accomplir l’important travail que représente la rédaction d’un rapport du GIEC. Cette rédaction se fait bénévolement sur le temps libre des chercheurs ou vient réduire le temps qu’ils peuvent consacrer à leurs propres recherches. La rédaction des rapports du GIEC est donc indirectement financée par la recherche, souvent publique, des pays employant les auteurs. Le fait que les chercheurs ne soient pas payés par le GIEC implique bien évidemment des inconvénients (ralentissement du rythme des travaux de recherche, recherche d’une autre source de revenus, …). Ce dernier point avantage les chercheurs dans les pays où la recherche publique sur le climat est bien financée.

 

Quelques chercheurs du GIEC (Valérie Masson-Delmotte au centre avec l’écharpe bleue) – Source : Twitter

 

La motivation inestimable des chercheurs

Aussi pourquoi de plus en plus de scientifiques consacrent du temps à la rédaction de ce rapport plutôt qu’à leurs propres activités ? Travailler pour le GIEC représente tout d’abord une forme de consécration pour un chercheur. Le GIEC représente également un formidable vecteur de communication pour les travaux des chercheurs. Il existe également une forte volonté d’amener aux politiques et au public les informations scientifiques les plus pointues pour aider à la prise de décision. Être auteur du GIEC apporte également une certaine reconnaissance de sa communauté, et peut même être mis en avant pour avancer dans une carrière. Cette reconnaissance par leurs pairs et par les structures de recherche est plutôt une bonne chose parce qu’elle facilite l’engagement des scientifiques dans cette aventure très exigeante qu’est la rédaction d’un rapport du GIEC.

 

La publication scientifique

 

 

La qualité des publications scientifiques dépend en bonne partie du mécanisme de revue par les pairs. Quand une équipe de chercheurs pense avoir des résultats intéressants à présenter à la communauté scientifique, ils doivent alors écrire un article scientifique ou « un papier ». Ils proposent leur article dans une revue scientifique à comité de lecture. L’éditeur de la revue mandate alors d’autres spécialistes du domaine pour relire l’article. Ces spécialistes peuvent trancher directement ou faire des recommandations et des requêtes aux auteurs qui doivent se justifier, et éventuellement modifier leur article avant de le renvoyer à l’éditeur et de repasser sous l’œil critique des relecteurs. Au terme de ce processus d’évaluation, le papier est (refusé… ou) accepté puis publié par l’éditeur.

 

Source : Citoyens Pour Le Climat, « Poster GIEC », Lien

 

Ce n’est qu’une fois que les auteurs ont réussi à convaincre leurs pairs de la validité de leurs travaux que l’article est publié. C’est ce processus qui garantit la qualité du contenu des articles publiés dans une revue à comité de lecture. Ce processus est donc contraire à l’information « grand public » (TV, radio, livres, …) où tout à chacun est libre d’exprimer ce qu’il pense et non d’exposer des faits qui pourraient desservir son opinion (voir Ultracrépidarianisme).

En somme, des chercheurs partout dans le monde font donc progresser les connaissances scientifiques en publiant des articles dans des revues à comité de lecture. Et c’est important de souligner que cette lente amélioration de notre compréhension du monde est un travail collectif de grande échelle.

 

Les auteurs du rapport

Le travail des auteurs

Le but des auteurs des rapports du GIEC est de produire une synthèse critique des éléments scientifiques existants. En effet, la littérature scientifique n’est malheureusement pas quelque chose de parfaitement cohérent et uniforme. Lorsque l’on s’y plonge, quel que soit le sujet, on constate des divergences voire des contradictions entre des études sur certaines questions.

À titre d’exemple, imaginons qu’une étude scientifique précise que le niveau des mers sera de 10 cm de plus en 2100 et qu’une autre annonce 3 m. Il faut ainsi réussir à comprendre d’où vient cette différence. Il faut alors s’interroger sur la robustesse du modèle ou de la quantité de données utilisée. Peut-être que les deux études sont crédibles et divergent plutôt dans leurs hypothèses qu’elles font sur les émissions de CO2 à venir. Ou bien existe-t-il tut simplement beaucoup d’incertitudes sur la question et qu’on ne peut pas trancher entre ces deux possibilités.

Le livrable : Une synthèse critique

Dans une synthèse critique, il faut considérer les éléments scientifiques disponibles et les confronter les uns aux autres, les juger. Le résultat de cette synthèse n’est donc pas une simple énumération de ce qui a été produit par les scientifiques du monde entier mais une évaluation scientifique des différents points étudiés. En plus des connaissances rapportées, les auteurs les placent dans leur contexte, quantifient les incertitudes et le niveau de consensus sur différentes questions. Les éléments scientifiques disponibles permettent de répondre clairement à certaines questions. D’autres restent ouvertes car les éléments accumulés par la communauté scientifique ne sont pas suffisants pour trancher. Une partie des connaissances évaluées par les auteurs du GIEC est contenue dans la littérature dite « grise » ; qui n’a pas été revue par les pairs. Par exemple les rapports de l’Agence Internationale de l’Énergie font partis de cette littérature grise.

Le GIEC n’est pas un organisme de recherche. Il ne publie pas d’articles scientifiques. Il ne fait que la synthèse de ce qui existe. Lorsque l’on évoque les projections du GIEC pour l’augmentation du niveau des mers, il s’agit d’un abus de langage. Le GIEC produit une synthèse critique sur cette question mais les estimations individuelles sur lesquelles sont basées cette synthèse ne sont pas produites par le GIEC. Si le GIEC ne publie pas d’articles scientifiques, on peut considérer que les synthèses critiques qu’il produit sont des éléments nouveaux. C’est l’apport du GIEC à l’élaboration des connaissances scientifiques sur le sujet du changement climatique.

 

Relecture des rapports du GIEC

La relecture par les pairs

La revue par les pairs permet d’assurer une certaine qualité à la production scientifique en général. Ce fondement de l’approche scientifique est poussé à un niveau inégalé par les rapports du GIEC. En effet, l’élaboration de chaque rapport du GIEC passe par 2 versions préliminaires que des relecteurs vont pouvoir commenter. Les auteurs doivent ensuite prendre en compte ces commentaires. Ces versions de travail doivent normalement rester confidentielles jusqu’à la publication du rapport final.

N’importe qui peut se proposer comme relecteur et déclarer ses domaines de compétence, publications à l’appui. Un grand nombre de scientifiques peuvent prétendre à une expertise sur un point de ce vaste problème et plusieurs centaines de relecteurs se proposent et sont acceptés pour chaque groupe de travail. Comme la relecture est ouverte à un grand nombre de chercheurs, il y a quelques climato-sceptiques dans les relecteurs dont certains mettent en avant leur statut de « relecteur expert du GIEC ». Ce statut veut juste dire qu’un individu a été accepté comme relecteur d’un rapport du GIEC après s’être proposé et peut donc émettre des commentaires. Ce n’est pas un statut très difficile à obtenir donc méfions-vous de ceux qui le mettent en avant comme justification d’une expertise.

Traitement des commentaires

Une fois que la première version est envoyée aux relecteurs, ils disposent de plusieurs semaines pour la lire et la commenter. Nous parlons quand même de documents qui font entre 1.500 et 2.500 pages ! Donc la plupart des relecteurs vont se concentrer sur leur domaine d’expertise : un chapitre parmi une quinzaine, voire une section d’un chapitre. Leurs commentaires sont ensuite remontés aux auteurs qui restent libres de les intégrer ou non en fonction de leur pertinence. Néanmoins, ils doivent apporter une justification à la prise en compte, ou non, de tous les commentaires reçus. Les auteurs fournissent ensuite une seconde version qui est, à nouveau, soumise aux relecteurs. Cette seconde version est ouverte aux commentaires des gouvernements et des experts. À la fin de cette seconde période de revue, les commentaires sont remontés aux auteurs qui doivent de nouveau les considérer, y répondre et éventuellement modifier le rapport en conséquence.

La relecture par les pairs concerne également le rapport de synthèse et les résumés. Quand on prend tout le travail de relecture en compte, le nombre de commentaires est vraiment impressionnant. Pour le cinquième rapport, nous parlons de 140.000 commentaires par des centaines de spécialistes.

 

 

Le travail de synthèse critique des éléments scientifiques

Les auteurs doivent fournir un travail monstrueux pour intégrer tous ces commentaires. La production d’un rapport du GIEC demande un énorme travail de synthèse critique des éléments scientifiques existants. Ceux-ci mobilisent la communauté scientifique bien au-delà des auteurs de ces rapports. L’ensemble de ce processus est entièrement transparent. Tous les brouillons, les commentaires et leurs réponses sont accessibles en ligne. Cette transparence est un avantage par rapport au mécanisme traditionnel de revue par les pairs où les commentaires des relecteurs et les réponses reçues sont rarement publiés.

Les commentaires peuvent être de toute nature : des détails éditoriaux, des lourdeurs ou des formulations floues, des commentaires proposant des articles scientifiques pertinents qui auraient été ratés par les auteurs ou encore des commentaires proposant d’ajouter des connaissances ou de corriger certaines évaluations proposées.

L’importance du processus de relecture par les pairs

La version finale du rapport d’évaluation est un texte de référence qui synthétise l’ensemble des connaissances disponibles. Elle est écrit par des experts avec un processus qui s’inscrit dans une approche scientifique rigoureuse. Cette revue par les pairs donne aux rapports d’évaluation du GIEC une dimension collective rarement égalée. C’est elle qui fait une bonne partie de la crédibilité scientifique du rapport. Elle limite considérablement les biais pouvant provenir de la sélection des auteurs. Le fait de passer par une large et transparente revue par les pairs permet aux rapports du GIEC d’incarner un consensus scientifique.

Dernier point : l’intérêt des résumés est évident si on regarde la taille du sixième rapport d’évaluation paru en 2022. Le travail du premier groupe fait 2.409 pages, celui du second 3.068 et celui du troisième 2.042. Soit un total 7.519 pages !

 

 

Les résumés

Résumés techniques & Résumés pour décideurs

Malheureusement, nous ne pouvons pas raisonnablement demander à tous les politiques de lire l’ensemble de ces documents. Et encore moins à tous les citoyens avant d’aller voter ! Heureusement, les résumés rendent toute cette production plus abordable !

Il y a deux résumés différents pour chacun des volumes. Tout d’abord un résumé technique qui synthétise les éléments scientifiques fait une centaine de pages. Puis un résumé à l’intention des décideurs d’une trentaine de pages. Ce dernier dégage les informations les plus importantes pour les différents acteurs de nos sociétés. Les décideurs publics, les chefs d’entreprise, les médias ou même à des citoyens qui chercheraient à s’informer efficacement sur ces enjeux peuvent consulter ce rapport.

En plus des résumés des trois groupes de travail, un rapport de synthèse dispose lui-même d’un résumé à l’intention des décideurs. En plus des résumés, des encadrés offrant des réponses très bien vulgarisées à des questions fréquemment posées (FAQ) parsèment le rapport.

La FAQ

La FAQ permet de répondre aux incompréhensions les plus répandues sur le changement climatique et aux poncifs de la désinformation. On trouve par exemple des réponses à des questions comme : « Le soleil est-il un facteur déterminant des récents changements climatiques ? », « Quelle importance la vapeur d’eau a-t-elle pour le changement climatique ? », « Est-ce qu’il y a des impacts positifs du changement climatique et quels sont-ils ? » ou encore « Est-ce que le changement climatique cause des conflits violents ? »

Le résumé technique et le résumé à l’intention des décideurs sont produits pendant la première révision d’un rapport et passent par une étape de revue par les pairs qui intègrent experts et gouvernements. L’intégration des gouvernements à ce stade permet de simplifier l’approbation du résumé à l’intention des décideurs. Après révision, la version finale du résumé à l’intention des décideurs a le droit à une dernière étape de revue par les gouvernements (qui font appel à leurs experts) avant son approbation.

 

Portée politique des rapports du GIEC

Validation politique des résumés aux décideurs

Les résumés aux décideurs des rapports du GIEC sont approuvés ligne par ligne par les différents membres du GIEC. Les représentants des gouvernements ont donc leurs mots à dire sur les résumés à l’intention des décideurs. Cependant, ils le font en consultant les scientifiques qui l’ont écrit et ces scientifiques gardent un droit de veto. Les gouvernements comme les relecteurs, doivent appuyer leurs commentaires sur la littérature scientifique. De plus, tout ce qui est dans le résumé doit se trouver dans le rapport complet. Les gouvernements ne peuvent donc pas proposer n’importe quoi. L’intérêt de cette phase d’approbation est que les pays ne peuvent pas remettre en question les résumés à l’intention des décideurs qu’ils ont eux-mêmes approuvé. On voit bien ici la structure hybride du GIEC qui permet de produire en même temps des documents fidèles au consensus scientifique et qui sont acceptés par les pays membres du GIEC.

 

 

Ce processus est parfois utilisé pour décrédibiliser le GIEC. Par exemple, l’emprise des gouvernements dans l’élaboration du résumé pour décideurs est souvent exagéré. Ceci ayant peu de sens en effet. Il serait facile de le démontrer le contraire en s’appuyant sur la littérature scientifique ! Et les scientifiques ne manqueraient pas de le faire…

Enjeux politiques des rapports

Le GIEC a pour mandat de produire un rapport « pertinent politiquement mais non prescriptif ». Les rapports du GIEC ne disent pas aux gouvernements ce qui doit être fait. En fait, c’est aussi pour cette raison qu’il y a une étape d’approbation. Les pays membres s’assurent que le GIEC reste dans le cadre de son mandat. Ceci afin qu’il ne cible pas de pays en particulier. Mais ça ne veut pas dire que les rapports du GIEC n’ont pas de portée politique. Le GIEC répond de manière neutre et scientifique à une question hautement politique : que pouvons-nous faire en tant que société ?

Il paraît donc évident que les rapports du GIEC ont un impact sur les choix politiques. Ils servent de base à différents acteurs de la société. Cela pour mettre en place des politiques pertinentes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. La portée politique d’un rapport du GIEC peut donc être importante. Mais le GIEC ne dicte pas ce que les gouvernements doivent faire. Son influence politique est indirecte.

La bonne nouvelle pour les francophones est que les résumés techniques et aux décideurs, ainsi que les FAQ sont traduits dans les langues des nations unies… Dont le français fait partie ! Les traductions représentent un travail colossal qui prend du temps car chaque mot est pesé !

L’évolutivité des rapports et résumés

Le résumé à l’intention des décideurs est un document qui évolue avec le temps. Prenons l’exemple de l’attribution du changement climatique aux activités humaines.

 

 

Ce paragraphe renvoie à un graphique (voir ci-dessous). Celui-ci montre clairement que le réchauffement observé est du même ordre de grandeur que celui attribuable aux activités humaines. On voit aussi que la part du réchauffement allouable à la variabilité naturelle est très faible devant le réchauffement observé.

 

 

Le texte dit « extrêmement probable », ce qui veut dire que l’on n’est pas certain. Il est rare que l’on puisse répondre à une question scientifique complexe par oui ou non.

 

Prise en compte des incertitudes

Dans les résumés, différentes propositions se voient donc allouées une crédence. « Extrêmement probable » veut dire que le jugement des scientifiques a plus de 95% de chance d’être juste compte tenu des éléments disponibles. L’attribution est une question où les éléments scientifiques sont très nombreux et concordants. Mais lorsque ça n’est pas le cas, les auteurs indiquent s’il y a des éléments disponibles. Et si ces éléments convergent ou divergent.

Par exemple : « L’augmentation de la température provoquera une accélération des pertes économiques. (Éléments limités, degré de cohérence élevé). » Ce qui veut dire qu’il y a peu d’éléments scientifiques sur la question mais qu’ils concordent.

Autre exemple : « Le comportement, le mode de vie et la culture influent considérablement sur la consommation d’énergie et donc sur les émissions associées, leur potentiel d’atténuation étant élevé dans certains secteurs, en particulier lorsque celui-ci vient en complément d’évolutions technologiques et structurelles. (Éléments moyens, degré de cohérence moyen). » Dans ce cas, il y a plus d’éléments disponibles que dans le cas précédent. Mais ces éléments présentent des divergences puisque leur degré de cohérence est jugé moyen.

Plus il y a d’éléments scientifiques probants et convergents, plus la crédence attachée à une proposition est grande. Les auteurs des rapports du GIEC déploient beaucoup d’efforts pour jauger la fiabilité de ce qu’ils avancent. Ceci afin de rendre ce jugement compréhensible pour le lecteur. Lorsque les éléments disponibles sont peu nombreux, divergents ou que les incertitudes sont grandes, le GIEC le précise explicitement.

 

Source : Citoyens Pour Le Climat, « Poster GIEC », Lien

 

Évolution des connaissances scientifiques

Il faut bien garder à l’esprit que le GIEC publie la synthèse des éléments scientifiques à un instant donné. Au regard de l’accumulation des éléments scientifiques, cette synthèse évolue dans le temps. Un bon exemple celui de l’attribution du changement climatique.

Exemple : Le changement climatique est-il d’origine humaine ?

Dans le premier rapport d’évaluation de 1990, le GIEC se montre interrogatif. « La température moyenne de l’air à la surface du globe a augmenté de 0,3 à 0,6°C au cours des 100 dernières années. Si l’ordre de grandeur de ce réchauffement concorde dans l’ensemble avec les résultats des modèles climatiques, il peut aussi correspondre à la variabilité naturelle du climat, de sorte que celle-ci pourrait être en grande partie à l’origine de l’élévation thermique observée. D’un autre côté, cette variabilité naturelle, associée à d’autres facteurs dus à l’homme, pourrait avoir contrebalancé un réchauffement encore plus considérable dû à un effet de serre d’origine anthropique. »

Donc à l’époque, nous ne savions pas vraiment si le réchauffement climatique était d’origine anthropique ou non.

Dans le second rapport de 1995, se montre un peu plus orienté. « […] le faisceau d’éléments disponibles suggère qu’il y a une influence perceptible de l’homme sur le climat ».

À travers le troisième rapport (AR3) de 2001, le GIEC relai la thèse de l’origine anthropique. « Des preuves plus récentes et plus concluantes permettent de dire que la majeure partie du réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est due aux activités humaines ».

Dès 2007, le GIEC se montre plus ferme dans l’AR4. « L’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des concentrations de gaz à effet de serre anthropiques ».

Dans le cinquième et avant dernier rapport de 2014, cette évaluation est passée à « extrêmement probable ».

Conclusion… Oui !

En 24 ans, l’attribution du changement climatique aux activités humaines a évoluée. Nous sommes passé d’une situation où les éléments ne permettaient pas de trancher à une situation où cette attribution est quasiment certaine. On note au passage que le GIEC n’est pas parti du postulat que le changement climatique est attribuable à l’homme. Car ce n’est pas ce qu’il conclut à ses débuts dans les années 90. Si c’est ce que pense la communauté scientifique aujourd’hui c’est que les éléments probants se sont accumulés. Ceux-ci permettent de se prononcer clairement sur cette question.

En somme, le résumé à l’intention des décideurs est le document le plus synthétique en termes de vision exhaustive. Il nous permet de rapidement accéder aux informations pertinentes. Particulièrement si nous souhaitons creuser un sujet précis.

 

En bref, que dit le rapport du GIEC ?

Concernant les changements observés et leurs causes, le GIEC est ferme. « L’influence de l’homme sur le système climatique est clairement établie. Aujourd’hui, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont les plus élevées jamais observées. Les changements climatiques récents ont eu de larges répercussions sur les systèmes humains et naturels. »

Sur les risques et les conséquences des changements climatiques, le GIEC nous alerte collectivement. « Si elles se poursuivent, les émissions de gaz à effet de serre provoqueront un réchauffement supplémentaire et une modification durable de toutes les composantes du système climatique. Cela qui augmentera la probabilité de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour les populations et les écosystèmes. Pour limiter l’ampleur des changements climatiques, il faudrait réduire fortement et durablement les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui, avec l’adaptation, est susceptible de limiter les risques liés à ces changements. »

Vis-à-vis des profils d’évolution pour l’adaptation, l’atténuation et le développement durable, la posture des scientifique est limpide. « L’adaptation et l’atténuation sont des stratégies complémentaires. Elles permettent de réduire et de maîtriser les risques liés aux changements climatiques. En limitant fortement les émissions au cours des prochaines décennies, on pourrait réduire les risques climatiques au XXIe siècle et au-delà, améliorer les perspectives d’adaptation, réduire les coûts de l’atténuation sur le long terme et aplanir les difficultés afférentes, et privilégier des profils d’évolution favorisant la résilience face au changement climatique dans l’optique du développement durable. »

Enfin, lie GIEC reste réaliste concernant l’adaptation et l’atténuation. « De nombreuses options d’adaptation et d’atténuation peuvent aider à faire face aux changements climatiques. Mais aucune ne saurait suffire à elle seule. Leur efficacité, qui dépend des politiques et des modalités de coopération adoptées à toutes les échelles, peut être renforcée par des mesures intégrées reliant l’adaptation et l’atténuation à d’autres objectifs sociétaux. »

 

Les erreurs du GIEC

Il est vrai que l’on peut lire beaucoup de choses à ce sujet sur internet. L’erreur du GIEC la plus connue porte sur la  fonte des glaciers de l’Himalaya. Cette erreur était présente dans le troisième rapport du GIEC (2007). Dans le volume produit par le groupe II, on pouvait lire que la probabilité que les glaciers himalayens disparaissent avant 2035, voire avant, est très élevée. Cette phrase est fausse. C’était une phrase dans un rapport de plusieurs milliers de pages.

On peut aussi ajouter que le point sur les glaciers était fait sans cette erreur dans le premier volume. Cette analyse revient au groupe I. Cette erreur n’était pas présente non plus dans les résumés à l’intention des décideurs. Sa portée a donc été extrêmement limitée. Il est évident qu’il s’agit là d’une erreur, et certainement pas d’une tentative de manipulation comme certains l’ont présentée. Le GIEC a admis cette erreur. Suite à cela, nous pouvons trouver sur le site du GIEC une liste de corrections. Celles-ci vont de la clarification de certaines traductions à des erreurs avérées.

Avoir une approche scientifique n’implique pas l’impossibilité de faire des erreurs mais oblige à les reconnaître. Sur des milliers de pages, il y a une probabilité non nulle qu’une phrase fausse passe malgré des centaines de relecteurs. C’est aussi important de signaler que le GIEC intègre les critiques qui lui sont faites. Le GIEC et la manière de produire les rapports ont évolué depuis les années 1990. C’est aussi ça avoir une approche scientifique : savoir intégrer les critiques justifiées pour continuer à s’améliorer.

 

Climate Gate

Le piratage d’un serveur britanique

En 2009, un serveur d’une université anglaise fut compromis. Des milliers de mails et de documents furent récupérés par des climato-sceptiques. Ces derniers sortirent des phrases de leur contexte pour faire croire que la recherche sur le climat était manipulée. Ce storytelling eut le droit à une énorme couverture médiatique et fit beaucoup de bruit. Plusieurs enquêtes indépendantes ne trouvèrent aucune preuve de fraude ou de malhonnêteté scientifique. L’affaire n’eut aucun effet sur la science du changement climatique. À part pousser à davantage de transparence dans les données utilisées pour laisser moins de prise à la désinformation. Il va sans dire que les scientifiques victimes de ce vol de données et des mensonges qui ont suivi ont subi d’énormes pressions.

Cette affaire et sa médiatisation catastrophique décrédibilisèrent le travail du GIEC pendant un temps au moins. Et plus globalement le travail des scientifiques sur la question du changement climatique. Par ailleurs, de nombreuses personnes soutiennent que le Climate Gate démontre la corruption de la science sur le climat. Cette position n’est tenable que si l’on vit dans une bulle de filtrage sans capacité de remise en question.

Pourquoi attaquer la recherche sur le climat ou le GIEC ?

L’origine humaine du changement climatique est avérée ! Et ses conséquences importantes pour les sociétés humaines le sont également. Nous avons donc intérêt à agir. Mais agir contre le changement climatique se heurte à des idéologies et des intérêts particuliers. Les premiers sont les entreprises, les individus et l pouvoirs publiques. Réduire les émissions de CO2 nuit à certaines des industries les plus puissantes, notamment à l’industrie fossile. Mais aussi aux pays qui disposent encore d’importantes réserves de charbon, pétrole ou gaz naturel. Le GIEC en particulier étant à la base de l’action, décrédibiliser le GIEC devient un enjeu prioritaire pour ceux qui veulent retarder la lutte contre le changement climatique. De plus, la désinformation sur le climat n’a pas les éléments scientifiques de son côté. Elle cible l’institution qui a pour but de rendre les connaissances scientifiques accessibles au grand public.

Lorsque vous ne pouvez pas changer un message qui vous nuit, décrédibilisez le messager pour qu’il ne soit pas écouté ! Cette technique classique de désinformation fonctionne malheuresement très bien. Aujourd’hui, une part non négligeable de nos concitoyens est victime d’une désinformation. Celle-ci est largement répandues par des réseaux de Think Tanks, de blogs et de médias traditionnels.

 

 

Les limites du travail du GIEC à avoir en tête

Les scientifiques qui prennent la responsabilité publique de parler climat ou de participer à un rapport du GIEC vont se retrouver face à une pression importante. Cela peut aller jusqu’à des campagnes de dénigrement. Tout le monde n’est pas capable de supporter cela. Les scientifiques y sont souvent assez mal préparés. Cet aspect peut faire peur et limiter l’engagement public de certains chercheurs.

Une autre limite à avoir en tête est que le processus rigoureux du GIEC prend du temps. Le rapport final se base sur les éléments scientifiques publiés avant que la version finale ne soit écrite. Une conséquence peut être qu’au même au moment de sa sortie, un rapport du GIEC ne contient pas les articles scientifiques qui sont sortis pendant les mois qui précèdent.

Par exemple, le travail du groupe 1 pour le sixième rapport du GIEC devait sortir en août 2021 mais les publications scientifiques ne sont prises en compte que jusqu’au 31 janvier 2021. Pour le second groupe, la date limite de prise en compte est le 1er septembre 2021 et pour le troisième c’est le 11 octobre 2021. Ce qui implique également que les études plus récentes peuvent être intégrées après les étapes de revue. Cette mise à jour peut être vue comme comme un avantage. D’autres évoqueront une faiblesse au regard du processus incomplet de revue par les pairs.

Enfin il faut garder à l’esprit qu’un rapport du GIEC est ultimement limité par la littérature scientifique qu’il synthétise. Ce qui influence donc le plus l’évolution des rapports du GIEC est la production de nouvelles connaissances par la recherche scientifique.

 

Sources