La samedi 12 décembre 2015 lors de la COP21 (Accords de Paris), 195 états ont pris l’engagement de restreindre le réchauffement climatique à des niveaux « nettement inférieurs à 2°C ». L’objectif majeur était de maintenir l’élévation des températures de surface en deçà de 1,5°C.
À la rédaction de cet article (2023), il faut bien avouer que l’objectif des 1,5°C est principalement soutenu par les ONG et les pays les plus exposés au changement climatique. Pour ces nations vulnérables, cette limite s’avère impérative. Un réchauffement de 2°C ne laisserait pas ces pays à l’abri des catastrophes climatiques. Nous nous souvenons du premier ministre des Tuvalu. À l’occasion de la COP26 (2021), il se filmait les pieds dans l’eau afin d’alerter sur les dangers de l’augmentation des eaux.
Une adoption partagée d’une ambition
Naturellement, cet objectif a été largement salué par la quasi-totalité des participants des Accords de Paris (COP21). Non seulement par les ONG et les pays favorables à cette vision audacieuse, mais également par les autres délégations, satisfaites d’avoir transcendé la simple limite de 2°C.
Toutefois, quelques résistances se sont manifestées jusqu’au dernier moment. Notamment de la part de l’Arabie saoudite et de la Russie qui contestaient cet objectif. Ils arguaient qu’il n’était pas suffisamment étayé par la littérature scientifique.
En réponse, les ONG ont dénoncé ces grandes puissances pour leur volonté de ne pas entraver leurs économies tributaires des combustibles fossiles. Et en réalité, l’Arabie Saoudite, par exemple, a été clairement un élément perturbateur lors de cette conférence, cherchant à saboter les Accords de Paris sur divers points. D’une manière générale, l’ensemble des pays de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) n’ont été constructif lors des débats.
Pourtant, il est vrai que cette perspective n’a pas été étudiée en profondeur par les chercheurs depuis longtemps. Les 2°C ont été adoptés comme une borne relativement arbitraire. Mais depuis lors, la majorité des études se concentrent sur cette trajectoire. Ci-dessous le témoignage de Jean-Marc Jancovici qui a assisté à la discussion ayant défini 2°C comme objectif.
Engagements des Accords de Paris en deçà de l’aspiration
Malgré l’ambition affiché des objectifs, de nombreux chercheurs se montre sceptiques. Nombre d’entre eux ont noté une forme d’incohérence entre l’objectif fixé des 1,5°C et les moyens nécessaires pour y parvenir.
Autre point soulevé par la communauté scientifique : le texte mise sur une « neutralité des émissions de gaz à effet de serre » pour la seconde moitié du siècle. Cependant, les derniers rapports d’évaluation du GIEC précisent qu’un tel scénario serait trop tardif pour contenir le réchauffement à 1,5°C.
Urgence : il faut agir !
Il ne faut retenir qu’un seul message : le temps presse ! Et le GIEC se montre très précis sur le sujet. En 2015, il ne restait que 400 milliards de tonnes de CO2 à émettre avant de franchir la barre des 1,5°C. C’est ce que l’on appelle le « budget carbone ». Cependant, la communauté scientifique et le GIEC savait dès 2015 que ce budget serait épuisé aux alentours de 2020. 2021 dans les faits, la crise de la Covid-19 ayant légèrement retardé l’échéance en question.
En 2015, les études indiquaient qu’il faudrait environ 20 ans pour avoir deux chances sur trois de rester en dessous de 2°C. À la condition de stopper complètement nos émissions de CO2. Pour la même probabilité de rester sous 1,5°C, il ne nous restait que… 6 ans. Voir ci-dessous le graphique de Carbon Brief sur ce sujet.
Cela dit, il subsiste une probabilité de 30-35% de ne pas dépasser les 1,5°C. La condition est de stopper toute émission de gaz à effet de serre d’ici 2030. Pour rappel, les engagements de 2015 n’ont que 65% de chance de limiter le réchauffement à… 2,7°C !
Et tout cela concerne des scénarios théoriques. Dans le monde réel, l’inertie est bien plus prédominante. En outre, établir de nouvelles normes, développer des technologies, légiférer, changer les mentalités nécessite beaucoup de pédagogie, et donc du temps.
Sources
Analyse des budgets carbones (site de Carbon Brief) LIEN